L’objet artisanal est une production essentiellement manuelle, doté de dimensions symboliques et qui répond à un usage. Il est un langage porteur d’une mémoire pourvu d’une grammaire. Il est aussi la magie de la matière, l’exigence de la mise en œuvre, l’expertise technique, la richesse d’indices et de gestes transmis et acquis bien souvent en atelier ou en famille. Il doit répondre à des critères objectifs : culturels, économiques et sociaux.
Définir l’objet artisanal en Tunisie, cela revient à questionner quatre fondements qui interagissent entre eux : l’éthique, le langage propre, la matière et le territoire. C’est par ce prisme là que nous pouvons appréhender une approche concrète et transversale : Comprendre le territoire avec ses traits distinctifs, ses brassages, son histoire, sa culture, son imaginaire et sa mémoire, respecter les valeurs éthiques : bien faire et sincérité. Interroger le langage formel, conceptuel, gestuel de la tradition et de l’imaginaire collectif, dialoguer avec la matière que « La main de l’artisan magnifie » et que le savoir-faire d’hier et d’aujourd’hui révèle. En définitive, cette démarche artisanale se distingue par sa probité, la richesse de son héritage culturel, par son intelligence à l’adaptabilité, par son ingéniosité et sa virtuosité à servir la tradition.
Dans cette optique, l’Office National de l’Artisanat Tunisien (ONAT) et la Fondation Rambourg ont signé le 11 juillet 2018 une convention de partenariat. Cette convention porte sur la création d’une plateforme numérique destinée aux professionnels du secteur, leur permettant d’accéder aux informations spécifiques de l’artisanat dans chaque région du pays. Il s’agit d’une carte numérique qui permet de préserver et d’échanger les données du secteur de l’artisanat au niveau local, régional et national. Les utilisateurs pourront ainsi, aisément et en ligne, accéder à toutes les informations dont ils ont besoin et se documenter selon la demande.
Un secret très important réside dans les objets artisanaux. Ces objets particuliers qui, contre toute attente, ont survécu à l’ère industrielle et connaissent aujourd’hui un regain d’intérêt mondial…
Ce secret est ce que j’appelle l’âme d’une civilisation. Ce qui nous façonne en tant que collectif et nous fait appartenir à une ou plusieurs esthétiques, c’est ce qui produit l’héritage visuel dans lequel nous évoluons. Et j’ai tendance à penser que plus une société entretient un discours vivant et franc avec cette âme, plus elle est saine et forte.